From an activist in France:
Cambodge: Une democratie de façade
Existe-t-il une démocratie au Cambodge? Les accords de Paris de 1991 sur le Cambodge invitent ce dernier à construire une démocratie libérale, fondée sur le pluralisme, la tenue d’élections périodiques et authentiques, la reconnaissance des droits et libertés des citoyens, la séparation des pouvoirs et l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Dans un Etat démocratique, il est d’usage de mettre en place trois pouvoirs séparés et indépendants les uns des autres : le pouvoir législatif qui fait les lois; le pouvoir exécutif qui fait appliquer les lois; le pouvoir judiciaire qui dit et fait respecter les lois. C’est l’application du principe de la séparation des pouvoirs. En plus, l’indépendance du pouvoir judiciaire doit être garantie.
Pour qu’il y ait démocratie, il faut, tout d’abord, que tous les Cambodgiens puissent avoir le droit de vote, sous réserve des conditions d’âge et de dignité. Le suffrage doit donc être universel. Ensuite, il faut que tous les partis politiques puissent exposer librement leurs conceptions et leurs programmes politiques. Pour cela, en vue de permettre aux citoyens de choisir, ces partis doivent avoir accès à tous les moyens de communications : presse, radio, télévision etc… En outre l’opposition doit pouvoir s’organiser librement et disposer des mêmes moyens d’information que la majorité. Par ailleurs, les citoyens doivent pouvoir choisir librement, c’est-à-dire qu’ils ne doivent pas subir d’aucune pression de la part du gouvernement en place et qu’ils doivent pouvoir disposer des moyens adéquates pour faire respecter ses droits et libertés. Le vote doit être, enfin, secret.
En plus de ces conditions, il faut que les dirigeants, qui se réclament d’être démocrates, respectent les droits de l’Homme et les libertés publiques accordées aux citoyens ainsi que le principe de la légalité, c’est-à-dire de la hiérarchie des normes écrites ( constitution, lois organiques, lois ordinaires, règlements) et non écrites (principes généraux du droit ou jurisprudence).
Le gouvernement cambodgien actuel est-il animé d’une volonté d’agir pour que toutes ces conditions soient satisfaites? A mon sens, depuis son coup d’Etat de 1997, HUN Sèn n’a rien fait pour favoriser une réelle démocratisation de notre pays, souhaitée et promue par l’ONU en 1993 conformément aux dispositions des accords de Paris de 1991. Il a, au contraire, tout fait pour se maintenir au pouvoir par la force.
Bien que les dispositions des accords de Paris sur la démocratie à promouvoir chez nous soient inscrites dans notre Constitution de 1993, force est de constater que, dans les faits, la séparation des pouvoirs et l’indépendance du pouvoir judiciaire n’est que de pure forme. En fait, l’Assemblée nationale et le Sénat ne sont que des chambres d’enregistrement des décisions du gouvernement qui, par ailleurs, instrumentalise le pouvoir judiciaire pour museler les opposants au régime, les activistes des ONG et les journalistes qui défendent les droits de l’Homme et les libertés des citoyens ou qui protègent les ressources naturelles et l’environnement de notre pays. Le pouvoir judiciaire n’est pas du tout indépendant. Habilité à faire respecter les droits et libertés garantis par notre Constitution, ce pouvoir ne fait que protéger les gens au pouvoir et les riches contre notre peuple démuni.
Depuis le coup d’Etat de 1997, le régime HUN Sèn se livre à un assaut généralisé contre toutes les formes de contestations contre ses actes arbitraires et ses abus de pouvoir. Il invente des crimes, des histoires de corruption contre ses opposants et ordonne à sa machine judiciaire de lancer des accusations, d’ouvrir des enquêtes et à sa police, voire à son armée, d’arrêter et d’emprisonner ces malheureux opposants censés être les auteurs de ces crimes et délits qu’il a créés de toutes pièces. Il a fait et continue à faire recours aux menaces et crée ainsi un climat de peur dans le pays. Il nous suffit de lire les rapports annuels de l’ONU, des ONG ou des articles de presse, rédigés par des auteurs neutres, sur les droits de l’Homme et les les libertés publiques au Cambodge pour s’en convaincre. En ce qui concerne spécialement les élections, les observateurs nationaux et internationaux indiquent tous les cinq ans, depuis 1998, que le régime en place a fait et continue toujours à faire recours aux assassinats à motif politique, aux arrestations et emprisonnements arbitraires, aux intimidations et menaces, aux irrégularités et fraudes de toutes sortes ainsi qu’aux achats de voix. Par conséquent, selon ces observateurs, ces élections ne correspondent pas du tout au standard des démocraties occidentales.
Un régime qui veut se maintenir au pouvoir par la force est un régime totalitaire. Notre Cambodge n’est donc qu’une démocratie de façade. Il est donc de notre devoir, nous khmers, de nous mobiliser et d’agir activement, inlassablement, avec persévérance et ténacité pour continuer notre lutte contre ce pouvoir dictatorial. Nous nous devons de nous lever pour poursuivre notre combat afin de faire respecter nos droits et libertés, notamment notre droit au vote et à un libre choix de nos dirigeants, garantis par les accords de Paris de 1991 et notre Constitution de 1993 et construire ensemble une véritable démocratie libérale et un Etat de droit chez nous. Nous devons avoir une volonté inébranlable car le droit et la communauté internationale, éprise de paix et de justice, sont avec nous. La seule voie qui nous soit encore possible est de nous réconcilier et nous unir étroitement. N’éparpillons pas nos efforts. Concentrons nos forces vers un seul objectif qui, à mon sens, constitue le premier pas vers la libération de notre chère patrie : par adhésion ou par défaut, aidons l’opposition à gagner les prochaines élections législatives de 2018. Seule cette victoire sur ce pouvoir autoritaire, qui n’est autre chose qu’un instrument politique du Vietnam expansionniste, pourra sauver notre pays du danger de mort qu’il encourt actuellement. Nous devons, par ailleurs, avoir toujours en mémoire le courage exemplaire de nos ancêtres de 1845, qui s’exposaient déjà, à cette époque, au même danger venant du même pays.
TH
04/07/2017.